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mardi 25 janvier 2011

L'évaluation qualitative pour soutenir les apprentissages

Depuis la réforme scolaire, l’évaluation a beaucoup changé. En changeant de paradigme, l’évaluation devenait un outil au service de l’enfant qui devait l’aider à progresser dans ses apprentissages et à développer des compétences. Selon cette idéologie, la rétroaction a comme objectif de fournir une aide elle devait être intégrer dans la démarche pédagogique de l’enseignant et dans le processus d’apprentissage de l’enfant. Cela est dû au fait que la rétroaction fournie par l’enseignant au cours de la démarche de l’enfant lui fourni des informations pertinentes sur ses difficultés et sur ses forces. Un grand avantage de cela est de lui permettre de se réajuster pour continuer sa tâche. De plus, cela amène l’enseignant à vérifier le niveau de compréhension de sa classe et de réaligner son enseignement. Si, par exemple, elle voit que sa classe n’a pas bien compris une notion, elle pourra leur fournir des renseignements supplémentaires ou leur faire travailler d’autres exercices pour pallier à ces lacunes.

Comme il est possible de voir dans le paragraphe si dessus, le défi qu’a maintenant l’enseignante est de faire son évaluation en continu, tout au long du processus d’apprentissage. Cela est un nouveau défi depuis la réforme scolaire car avant, les évaluations se passaient à la fin du processus d’apprentissage. Il est possible d’imaginer que cela pouvait entraîner une perte de temps considérable dans certains moments où l’enseignant se rendait compte à la fin seulement que plusieurs élèves n’avaient pas compris…

Le nouveau défi des enseignants est grand car tout repose sur son jugement professionnel. Il est important qu’il s’assure que ce jugement « repose sur des informations pertinentes, valides et suffisantes, recueillies à l’aide d’une instrumentation conforme aux exigences de qualité d’évaluation (cohérence, rigueur et transparence) et qu’il soit appuyé sur des preuves solides. »[1] Depuis la réforme, le principal intérêt de l’évaluation donc de faire un portrait global de l’enfant pour le situer au niveau d’une échelle de compétences. L’enseignant peut arriver à cela en cumulant des données dans divers outils comme des grilles d’observation, des listes de vérification, des entrevues, l’utilisation d’un journal de bord ou d’un portfolio, etc.

Depuis que la réforme a été implantée, l’évaluation a changé et est devenue beaucoup moins qualitative. Elle est maintenant définie comme étant :

« l'évaluation est le processus qui consiste à porter un jugement sur les apprentissages, soit des connaissances et des compétences disciplinaires, à partir de données recueillies, analysées et interprétées, en vue de décisions pédagogiques et, le cas échéant, administratives »[2] (article 28).

Dès l’an prochain, le bulletin unique sera adopté. Celui-ci apparaît suite aux pressions faites par des parents dans notre société où la performance et la compétitivité sont très importantes. Il met l’emphase sur les connaissances quantitatives des élèves en adoptant une notation chiffrée et compare les élèves entre eux puisque les enseignants doivent inscrire la moyenne. Malgré cela, mon objectif dans ma future classe sera de voir la façon dont je peux évaluer les enfants d’une manière plus qualitative dans un tel contexte pour pouvoir mieux situer l’enfant dans son développement, pour pouvoir donner une rétroaction plus précise aux parents et surtout, pour ne pas démotiver l’enfant.

Selon les recherches effectuées par certains chercheurs, citons notamment Carole Ames, les pratiques évaluatives centrées sur la performance qui sont adoptées par certains enseignants démotiveraient les enfants à apprendre[3]. Ce résultat est inquiétant si on se penche sur une enquête américaine réalisée par Maehr[4], 99 % des professeurs des écoles secondaires
américaines évaluent la performance de leurs élèves ; 26 %, les efforts qu'ils ont fournis ; et seulement 18 %, les progrès qu'ils ont réalisés. Viau pense que les résultats seraient sensiblement les mêmes au Québec[5].

Dans une telle approche,

« les enseignants considèrent que l'élève a appris lorsqu'il a obtenu de bonnes notes. Pour juger de sa performance, ils la comparent généralement avec celle des autres élèves : si sa note est la plus élevée du groupe, il est vu aux yeux de ses camarades et de l'enseignant comme le meilleur ; si sa note est la plus faible, il est considéré comme le cancre de la classe»[6].

Selon Marvin Covington, l’évaluation de la performance peut parfois motiver les plus forts mais nuisent la plupart du temps aux élèves ayant des résultats moyens et plus faibles[7]. En plus, cela modifie le rapport à l’erreur des enfants, car ils ne la voie plus comme quelque chose de nécessaire qui les amènent à faire des apprentissages, mais comme quelque chose qu’on doit éviter à tout prix pour avoir la note de passage. Cela fait en sorte qu’ils oublient la vraie raison de leur présence à l’école (le plaisir d’apprendre) car ils mettent toute leur énergie à « passer leur année ».

En agissant ainsi, les enseignants ne motivent pas les enfants intrinsèquement, ce qui fait en sorte qu’ils s’engagent moins dans leurs apprentissages et qu’ils persévèrent moins[8]. En effet, les élèves sont portés à choisir des activités plus faciles qui demandent peu d’efforts cognitifs où ils peuvent mémoriser la règle afin de l’appliquer plus facilement et ainsi, ne pas risquer d’échouer[9]. Les enfants sont donc portés à être moins créatifs. Cette situation, nommée l’effet de surjustification, « se produit lorsque la motivation intrinsèque à apprendre d'un élève diminue du fait d'un usage abusif des notes ou des récompenses comme moyen de le faire travailler »[10].

Au regard de ces informations, je trouve cela très important de centrer mon évaluation sur le processus d’apprentissage et non seulement sur la performance en mettant l’accent sur le progrès et sur la motivation de l’enfant. Selon Viau, dans un contexte où l’acquisition de stratégies efficaces, le développement de l’autonomie et la créativité sont aussi important que la performance, le portfolio devient un outil plus pertinent que l’examen pour l’évaluation[11]. Selon ce même auteur, les évaluations basées sur le processus

« suscitent la motivation à apprendre, car elles favorisent la perception que l'élève a de la valeur des activités, même si celles-ci ne sont pas notées. Ce contexte l'amène à attribuer principalement ses succès ou ses échecs à l'effort qu'il a déployé plutôt qu'à ses capacités intellectuelles. Ainsi, il sait que s'il travaille, il peut réussir, et ce, même si ses camarades sont meilleurs que lui. De plus, sa perception d'avoir un certain contrôle sur ses apprentissages en est favorisé. »[12]

D’après Viau, il y a quatre règles essentielles à la réussite d’un tel type d’évaluation :

« 1. Faire en sorte que l'élève ne voit pas ses erreurs comme « des fautes pénalisante », mais comme des étapes incontournables dans son processus d'apprentissage.
2. Donner l'occasion à l'élève, non seulement de savoir ce qu'il ne maîtrise pas, mais aussi ce qu'il a bien réussi et ce qu'il doit améliorer.
3. Donner à l'élève des outils qui lui permettent de s'auto-évaluer.
4. Aider l'élève à voir les progrès qu'il a accomplis. »[13]

Dans mon stage 4, je fournirai des outils d’autoévaluation aux élèves et je les aiderai à voir leurs progrès à l’aide d’un portfolio électronique. Cela lui permettra de comparer ses travaux et de voir que ses efforts ont porté fruit ainsi que ce qui lui reste à apprendre. Riente définit cet outil pédagogique comme étant :

« une collection des réalisations de l'élève tout au long de son cheminement. Il peut contenir aussi des commentaires de l'élève sur ses travaux et ses façons de faire pour les réaliser, ainsi que ses expectatives, ses objectifs et ses défis quant à son cheminement et à sa progression. En fait, le portfolio favorise le développement des habiletés métacognitives de l'élève, puisque ce dernier doit régulièrement s'interroger, réfléchir à ses stratégies, évaluer ses forces et ses faiblesses et agir en conséquence. »[14]

J’utiliserai aussi ce livre qui contient beaucoup de ressources : Dore, Louise et autres. 2002. « Le portfolio: évaluer pour apprendre». Québec: Chenelière éducation, 134 p.








[1] Berzil, Suzanne. 2002. « L’évaluation des apprentissages dans le cadre de la réforme scolaire ». Québec français, n° 127, p. 56-57.
[2] Ministère de l’éducation des loisirs et du sport. 2010. MELS. En ligne. <http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/index.asp?page=fiche&id=1607>. Consulté le 20 janvier 2011.
[3] Ames, Carole. 1992. « Classrooms : goals, structures, and student motivation ». Journal of Educational Psychology. n° 84, p. 261 -271.
[4] Maehr, M. 1993. « Advances in motivation and achievement (vol.8) ». Greenwich: JAI Press, p. 217-274.
[5] Viau, Rolland. 2002. « L’évaluation source de motivation ou de démotivation?». Québec français, n° 127, p. 77-79.
[6] Idem
[7] Covington, Marvin. 1992. « Making the grade: a self-worth perspective on motivation and school reform». New York: Presses de l’Université Cambridge, 242 p.
[8] Upcit 5
[9] Lepper et Hodell. 1989. « Intrinsic Motivation in the Classroom Goals and cognition (vol.3)». Toronto: Academic press, p.73-106
[10] Upcit 5
[11] Idem
[12] Idem
[13] Upcit 5
[14] Riente, Raphaël. 2005. «Évaluer pour mieux évoluer». Québec français, n° 138, p. 74-75.

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